"Tempo è galant'uomo" au Lycée
Le palimpseste d'une odyssée
romanesque inter-nautique polyphonique
sous la forme
d'une constellation à 5 branches à la recherche d'une esthétique contemporaine :
(e)moving Art ?
Writing in progress..
Aki Kuroda, Installation
"parce que le temps lui-même est une forme", Roland Barthes
(e)moving Art ?
Writing in progress..
Aki Kuroda, Installation
"parce que le temps lui-même est une forme", Roland Barthes
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2013 : http://tempoecorrespondances.blogspot.com
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:
le roman des Lycéens
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: le roman des internautes hors cadre scolaire
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: le roman du/des roman(s)
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:
le making
of du/des
roman(s)
"J'ai essayé de vous apprendre à éprouver un petit frisson de
satisfaction artistique, à partager non point une émotion des
personnages du livre, mais les émotions de son auteur. Les joies et les
difficultés de la création. Nous n'avons pas glosé autour des livres, à
propos des livres, nous sommes allés au centre de tel ou tel
chef-d'œuvre, au cœur même du sujet."
Vladimir Nabokov
O O
Pas de deux avec le romancier en devenir :
Si vous souhaitez apporter des modifications à ces chapitres ou tout simplement poursuivre l'écriture du roman, n'hésitez pas à envoyer vos propositions à cette adresse en précisant bien le titre du roman à modifier ou à poursuivre :
tempoe@hotmail.fr
Passage d'enfer. Rien de plus paradoxal que ce nom de rue pour un endroit aussi calme et paisible sorti tout droit d’une autre époque. C’est le Paris préservé, intouchable, qui ne laissera pas indifférent celui qui s’y installera malgré lui. Ses immeubles à deux étages se succèdent dans une myriade de pastels que leurs portes et fenêtres exhibent comme témoins d’un autre temps, ce temps qui permet à la dentellière de Vermeer de s’asseoir sur un banc devant sa porte pour profiter des derniers rayons de soleil, ce temps où les enfants lancent les toupies, ce temps où les enfants roulent le cerceau des toiles de Bruegel.
Nathan
chercha longtemps la rue, puis se retrouva tout à coup isolé du
bouillonnement cacophonique du Boulevard Raspail, au milieu d’un
arc-en-ciel aux coloris fantaisistes. Une lumière éclatante
jaillissait des persiennes vert corail et longeait le mur vieilli par
le temps. Toutes ces couleurs donnaient un aspect féerique à cette
rue. Les lanternes désuètes n’allaient pas tarder à s’allumer.
En ce début de soirée d’automne, le froid se faisait sentir, le
soleil avait hâte de se cacher, l'endroit était désert. Tout
semblait déjà endormi. Pas un arbre dont les feuilles viendraient
perturber l’harmonie de cette ruelle où les couleurs seules
régnaient.
Nathan
n’en croyait pas ses yeux, émerveillé. Se serait-il trompé de
passage ? Cet appartement situé dans le « Passage
d’Enfer » qu’il avait eu tant de
mal à accepter se trouverait-il ici ? Dans ce petit coin de
paradis, de bonheur, d’enchantement ?
Aussi, se
décida t-il de chercher le numéro 27, où il logerait durant son
passage à Paris. Les vieux pavés sous ses pieds, usés par le
temps, semblaient s’agiter et frémir à l’idée de recevoir un
nouvel habitant, depuis le temps que personne n’avait emprunté
cette rue. Pas un chat, pas un enfant, aucune trace de nature.
Simplement le passage d’enfer.
O O
La fée de la nuit d'automne
O O
La fée de la nuit d'automne
Essayant
d’échapper à l’air suffocant de l’exposition bondée, Lucie
cherchait désespérément une issue. Laissant les attroupements des pièces maîtresses, elle découvre une salle vide de la galerie expansive de son oncle Albert. Enfin, une fenêtre, sombre et voilée. Elle s’empresse de l’ouvrir, ses mains moites glissant sur la poignée, une bouffée d’air glacé la fait soupirer. Là, posée sur le cadrant de la fenêtre, entre le calme nocturne de la petite coure et la chaleur suffocante de la bruyante galerie, elle pensa à quel point son état était romanesque : comme Juliette à son balcon, déchirée entre l’aventure, l’inconnu de l’amant, et la sureté, le devoir de l’enfance.
cherchait désespérément une issue. Laissant les attroupements des pièces maîtresses, elle découvre une salle vide de la galerie expansive de son oncle Albert. Enfin, une fenêtre, sombre et voilée. Elle s’empresse de l’ouvrir, ses mains moites glissant sur la poignée, une bouffée d’air glacé la fait soupirer. Là, posée sur le cadrant de la fenêtre, entre le calme nocturne de la petite coure et la chaleur suffocante de la bruyante galerie, elle pensa à quel point son état était romanesque : comme Juliette à son balcon, déchirée entre l’aventure, l’inconnu de l’amant, et la sureté, le devoir de l’enfance.
Elle
se retourne, rêvant aux rîmes
invitantes de
la nuit, les yeux balayant
la pièce, et souriante, s’arrête. C’est
un petit tableau coloré, d’un de
ses peintres qui
devient connu pour
une de ses toiles et qui en peint
mille variantes pour gagner sa vie. Rien avoir
avec les tableaux à des millions qu’on trouve dans les grands
salons de l’oncle Albert. C’est
une femme, seule, rendue belle par sa posture fière et droite,
incroyable de part
son pas assuré, irrésistible de par le
peu de vent qui fait danser son long manteau, la pluie qui reflète
sa silhouette sur le tarmac, noble de
par le halo qui semble la suivre, qu’on
entend presque dire : « Voici la lumière, voici la
beauté, voici l’honnêteté et la pureté qui s’en va. ».
On s’imagine que partie, le lieu magique qui l’entoure
redeviendra le parc sombre, lugubre des nuits pluvieuses d’automne.
Mais elle est là, et l’endroit paraît extraordinaire et
ensorcelé.
Les
arbres, encore garnis de feuilles, on tous revêtus les teintes
rousses de l’automne, et d’habitude
tristes, ils paraissent
s’être redressés respectueusement,
s’entre-aider pour protéger l’Inconnue de la pluie, se tourner
et bomber le torse pour présenter leurs meilleurs attraits. Le banc,
lui aussi, ne paraît
qu’accueillant, si différent des bancs trempés de la mauvaise
saison, grincheux et désolés d’être
vides. Lui est fière,
baigné dans la lumière dorée des lampadaires, comme les flammes
d’un feu de cheminée familial. Même le tarmac trempé semble
vouloir lui faire plaisir, projetant des milliers d’arcs-en-ciel à
ses pieds, dupliquant les feux rassurants des réverbères, brillant
comme si il avait été
poli la veille.
Lucie,
le nez à deux centimètres de la toile, effleurait les couches de
peintures
en retenant son
souffle, imaginant
que ce fut comme
un trou noir, et que la toile pouvait la transporter d’un monde à
l’autre. La recrachant
dans cette nuit imaginaire, où elle pourrait courir après
l’Inconnue et voir sa beauté de face, obtenir un sourire
éblouissant, l’accompagner jusqu’au café le plus proche prendre
un chocolat chaud, et écouter toutes les anecdotes de la vie
palpitante d’une fée à Paris. Vivre, même juste un instant, dans
l’éclat enchanté de ce tableau, pouvant
remarquer de milliers de détails
magiques de ce petit monde ; les étoiles dans la vitrine du
café, chaque rire comme un tintement de cristal, la chaleur qui peut
à peu désengourdi
les mains, même la brûlure du
chocolat trop chaud, sucrée et douce sur la langue. Elle comprit,
alors, que c’était là qu’elle voulait vivre, dans cet univers
splendide, et
y amener d’autres, avec elle,
faire elle aussi redressé
les arbres, et
illuminer les nuits.
« Lucie ? »
Elle sursaute, c’était l’oncle Albert. «
Ah ! Tu es là ! Cette vieille toile ? Prends la si tu
veux, elle ne vaut rien. »
O O
Jaye Davidson
Elle
descend les marches de l’escalier, ses bras s’agitent dans l’air,
ses jambes dansent sur le bitume. Malicieuse, confiante, les coins de
ses lèvres sont remontés en un demi-sourire à peine perceptible.
Jaye Davidson est une ancienne élève, une de ces élèves qui sont
ici depuis toujours, devenus des mythes qu’on conte
aux nouveaux car tout
le monde les connaît, tout le monde les fréquente.
Jaye
est une des légendes, la plus mystérieuse de toutes. Fille ou
garçon, personne ne sait vraiment quand il s’agit de son prénom.
Petite de taille, c’est pourtant une géante dans son style. C’est
pourquoi chacun donnerait tout ce qu’il a pour l’apercevoir dans
un couloir, dans une classe ou dans la cour. Elle se cherche, se
définit puis se redéfinit, pour se rebeller un peu plus chaque
fois. Elle connaît les règles, c’est pour cela qu’elle les
enfreint si bien. Depuis longtemps elle a abandonné sa longue
crinière brune pour une coupe garçonne au ras de la nuque, quelques
mèches par-ci par-là et beaucoup de barrettes. Trop de barrettes. À
croire qu’elle ne sait plus quoi faire de sa tignasse noire. Elle a
pourtant changé de couleur comme on change d’habits, à multiples
reprises ; aucune n’a duré plus d’une semaine. Toutes ses
décolorations lui ont laissé le cheveu sec comme la paille, mais
contrairement aux autres filles, elle ne s’en préoccupe pas ;
elle ne se donne même pas la peine de les brosser. Elle a alors
lancé la mode : la coiffure décoiffée.
Jaye
passe devant un premier bâtiment, les pans de sa jupe virevoltant.
Son style est volontairement provoquant, rien de vulgaire, mais assez
effronté pour attirer les regards. Sa chemise en jean est trouée,
son pull est trop grand, les lacets de ses bottes en cuir noir
détachés. Seule sa jupe est parfaitement repassée, immaculée.
Rien, chez elle, n’est laissé au hasard ; sa tenue est le
reflet de ce qu’elle est : rebelle, espiègle, et pourtant
petite fille modèle dans l’âme. Chaque détail de son apparence
est soigné, elle arbore une multitude de bijoux, colliers,
bracelets, bagues : elle est fière. Elle marche droite,
décidée, et soudainement se retourne. Son teint est impeccable, sa
mine radieuse, ses yeux noirs brillent ardemment. N’importe qui
croisant son regard baisserait immédiatement le sien sous peur de
s’attirer des ennuis. Un parfum fruité et floral se dégage alors
de sa nuque, agréable et envoutant... Mais très vite il est
remplacé par une odeur irritante de cigarette imprégnant ses
vêtements.
Hésitant
une fraction de seconde, elle tourne les talons et continue sa route.
La tête haute, le regard perçant, et pourtant ses lèvres sont
pincées. Quelque chose la tracasse, elle ne sait pas encore quoi.
Elle pense à ce soir, au moment où elle sera seule, face à
elle-même, et pourra enfin laisser tomber l’attitude sous laquelle
elle se cache si bien. Sous ses allures de lionne, Jaye est une
adolescente comme les autres.